mercredi 18 février 2009

Madame Butterfly de Puccini - Robert Wilson

Madame Butterfly de Giacomo Puccini mis en scène par Robert Wilson et dirigé par Vello Pahn, séance du 4 février à l'opéra Bastille.

Dans les années 1900, Pinkerton, un officier américain de passage à Nagasaki épouse une gueisha, Cio-cio San, Madame Butterfly. Alors qu'il considère ce mariage avec légèreté, elle le prend au contraire très au sérieux et renie ses traditions et sa culture natale au profit de celle de son époux. Ce dernier rentre alors aux Etats-Unis, laissant Madame Butterfly seule mais enceinte. Elle s'obstine à croire en son mari et repousse ses prétendants pendant 3 ans. Celui-ci revient alors accompagné de sa nouvelle femme et s'enfuit aussitôt en découvrant le drame qu'il a engendré, drame qui s'achève par le suicide de Madame Butterfly.

L'oeuvre émouvante de Puccini trouve ici un cadre idéal, le style nippon de l'opéra Bastille colle tout à fait avec le thème de cet opéra. La mise en scène sobre adoptée par Robert Wilson correspond elle aussi très bien au ton du spectacle, calme et épuré.
Un grand panneau lumineux en fond sert principalement à figurer le moment de la journée et le seul décor restant est le sol type jardin japonais. Quelques accessoires supplémentaires n'auraient peut être pas fait défaut, le cerisier par exemple, et auraient donné un peu de relief à l'espace scénique.
Le jeu de scène très esthétique et très soigné donne quant à lui toute sa profondeur au drame de Mme Butterfly, drame intérieur, sans violences ni souffrances apparentes, mais cachées, intériorisées, jusqu'à ne permettre qu'un unique dénouement, ou plutot une fuite.
La prestation est ainsi très bien servie par les chanteurs qui ont tous été très bons. Je mettrais juste un bémol pour Adina Nitescu (Mme Butterfly) qui ne devait pas être très en voix ce soir là : Bien que je sois très bien placé, il m'était impossible de l'entendre à son arrivée au début de la représentation et son volume de voix est resté faible tout au long du 1er acte. Les variations de température et d'hygrométrie dans les jours qui ont précédé l'expliquent peut être mais c'était un peu inquiétant. Après la reprise, tout allait bien et le charme et la tristesse de cette tragédie ont pu opérer.

D'un point de vue musical la prestation était de bonne qualité, l'orchestre était à sa place et les notes également. Je ne sais pas si on peut déjà parler de tendance mais je note que les opéras auxquels j'ai eu la joie d'assister ces derniers temps jouissaient d'un bon équilibre entre le chant et la musique. Pourvu que ça dure!

En conclusion Madame Butterfly est un bon moment d'opéra, dépaysant et émouvant, emblématique de l'âme humaine dans sa démesure, capable d'amour jusqu'à l'aveuglement et capable de lacheté jusqu'à la cruauté.