vendredi 20 mars 2009

Werther de Massenet - Jurgen Rose / Kent Nagano

Werther de Jules Massenet est mis en scène par Jurgen Rose et dirigé par Kent Nagano, la représentation est celle du 6 mars 2009 à l'opéra Bastille.

Werther est un drame tiré de Goethe, la scène se passe à Francfort, c'est l'histoire d'une jeune femme, Charlotte (Susan Graham), qui a promis à sa mère mourante d'épouser Albert (Ludovic Tézier), un homme ayant une bonne situation mais dont elle n'est pas amoureuse. Elle est au contraire tombée passionnément amoureuse de Werther, joué ici par le baryton Rolando Villazon (ce qui est rare dans cet opéra), passion qui est réciproque mais qu'elle se refuse à avouer à cause de son serment.
Susan accomplit son devoir et épouse Albert, Werther ne tient plus et veut partir, elle lui dit de revenir à Noel mais lui dit qu'il ne reviendra pas. Il revient malgré tout à Noel, Susan avoue enfin ses sentiments mais ne peut tromper son mari. Werther se donne la mort mais se sait pardonné lorsqu'il entend les chants de Noël.

Cet opéra, bien que dramatique et très marqué par le protestantisme (le "devoir" de Susan revient comme un leitmotiv, reste porteur d'espérance avec ce thème de Noel toujours en demi-teinte, ce qui le rend d'autant plus beau.
Cette représentation fut très impressionnante tant sur le plan musical que scénique, Rolando Villazon prête à merveille sa belle voix de baryton, une gravité qui rend parfaitement la dimension tragique insufflée par Goethe, de même que Susan Graham qui est poignante de justesse dans la douleur et le déchirement qu'elle exprime. Je mettrai un bémol pour l'un des interprètes secondaires (Christian Jean) et pour l'harmonie chanteurs/orchestre, il y a des moments où un léger décalage entre ceux-ci s'est fait entendre. C'est là le seul bémol que je mettrai car tout le reste était excellent.

La mise en scène en fait partie, de très bonnes idées, beaucoup de vie dans le jeu de scène et de justesse dans l'ambiance ainsi rendue. La joie et l'harmonie du début tranche clairement avec la dureté de l'éloignement à la fois physique et affectif entre Werther et Charlotte, avant et même après les retrouvailles de Noel.
La scène est composée d'un rocher central sur lequel est disposé le bureau de Werther (un bureau de poète, hommage à l'auteur) autour duquel le décor tourne, ce rocher illustre le départ et l'isolement de Werther. L'utilisation de ce décor est plutôt géniale : à l'ouverture de chaque acte, un rideau fin sur lequel des extraits de l'opéra sont comme griffonés est baissé et l'on peut voir par transparence Werther posant sur son rocher illuminé et le décor et ses accessoires tournant autour dans la pénombre. En bref, le rendu est très visuel, très esthétique et frappant de profondeur.
Le jeu de scène est lui aussi imprégné de ce dynamisme circulaire et occupe bien l'espace, cette dimension circulaire imprègne en fait toute la représentation et rajoute au tragique de la scène qui se déroule sous nos yeux.

Pour conclure, car il faut bien finir, je dirai simplement que c'est beau, très beau, très prenant et vraiment réussi. Il est par ailleurs agréable d'entendre un opéra en français, ce qui est rare cette année. Profitez-en, c'est à ne pas manquer.

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