vendredi 19 juin 2009

La Tosca de Puccini - Werner Schroeter/Stefan Solyom

La Tosca de Giacomo Puccini à l'opera Bastille dirigé par Stefan Solyom et mis en scène par Werner Schroeter, représentation du 2 juin 2009.

C'est un grand opéra, joué depuis longtemps par les plus grands, et joué ici avec brio.

Pour resituer rapidement le contexte, nous sommes à Rome au moment ou Napoléon marche sur Marengo, Mario Cavaradossi (Aleksandrs Antonenko), peintre et républicain, est amant de Floria Tosca (Adina Nitescu), archétype de la femme jalouse au caractère bien trempé. Cesare Angelotti (Wojtek Smilek), républicain engagé incarcéré pour son titre politique vient de s'échapper du chateau saint Ange et vient se réfugier chez Cavaradossi pour échapper à l'infâme Scarpia (James Morris), chef de la police cruel et débauché qui cache son iniquité sous sa fonction et son titre de baron. Mais Scarpia retrouve la trace d'Angelotti et arrête Cavaradossi.
Ne réussissant pas à le faire parler, il fait pression sur Tosca qui finit par parler pour sauver son amant et obtient un sauf conduit pour partir avec lui en échange d'un moment "d'intimité" avec Scarpia. Mais la Tosca n'est pas femme facile et la seule étreinte que Scarpia obtient est celle de la mort. Malheureusement Scarpia avait menti et ce qui devait être un simulacre d'exécution était une exécution bien réelle et Cavaradossi meurt fusillé, la Tosca désespérée se jette dans le vide.

Cet opéra est d'une grande intensité tragique qui arrive à son paroxysme, comme toujours, à la fin. Cette intensité est servie par une formidable interprétation à la fois de l'orchestre, qui a réalisé une très belle performance, et des chanteurs qui ont réellement été sublimes. Ma préférence va au duo Nitescu/Morris (Scarpia et Tosca), les plus belles voix de cette représentation à mon goût qui réussissent leurs duos à merveille et jouent aussi bien qu'ils chantent.

Lors d'une telle représentation, on peut imaginer la pression des grandes représentations données dans le passé qui s'exerce sur les chanteurs, la barre est haute et certains dans la salle ont entendu Pavarotti ou Callas chanter cet opéra (ce n'est pas mon cas). J'ai été cependant frappé par l'influence de ces grands de l'opéra aujourd'hui, notamment par Adina Nitescu dont on perçoit l'inspiration Maria Callas, que ce soit dans la voix ou l'attitude on voit qu'elle a travaillé en s'inspirant de la Callas et le résultat est sublime.

Les seuls bémols que je note sur cette réprésentation sont pour les décors de fond qui sont peu harmonieux avec tout le reste, pas même avec les accessoires (très réussis quant à eux, tout comme les costumes), et cela va de mal en pis au fur et à mesure qu'on approche de la fin, dommage. Au niveau de la mise en scène tout n'est pas très clair, lors du dernier acte on voit pendant l'ouverture un pâtre (ou un fauconnier) dont le rôle m'échappe encore, de même pour le soldat qu'on retrouve mort au réveil, il n'est pas normal que certaines scènes restent incomprises. Un autre défaut est la procession de la fin du premier acte, bien que les costumes et accessoires soient tout à fait crédibles, il est regrettable que l'ordre et la tenue de la procession ne le soient pas, il y a un dais mais l'ostensoir n'est pas dessous et tous les participants sont tendus vers... vers quoi au juste? vers le dais? vers l'évêque? Le metteur en scène aurait pu faire l'effort d'un conseiller religieux ou simplement d'une recherche rapide pour savoir que le coeur d'une procession eucharistique c'est l'eucharistie.

C'est d'une importance secondaire mais cela empêche cette représentation d'atteindre les sommets car le reste y était, je la recommande donc vivement, un bel opéra servi par une excellente prestation des chanteurs et de l'orchestre.

Merci pour cette soirée!

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