jeudi 22 janvier 2009

Hommage à Molière - Muriel Mayette

L'Hommage à Molière donné à la Comédie Française le 17 janvier 2009 est un florilège de quelques pièces de Molière, des extraits les plus connus aux oeuvres moins populaires.

Ce florilège est entrecoupé de petites saynetes récurrentes, elles mêmes extraites ou inspirées de Molière ou en lien avec le théatre en général, et de lectures de textes ayant pour objet Molière et son oeuvre.
Ce spectacle a le mérite de pouvoir être apprécié par n'importe quel public, les moins férus de théatre y retrouveront malgré tout des références incontournable du théatre de Molière et une approche qui pourrait les réconcilier avec lui. Les plus fervants amateurs, quant à eux, y trouveront une troupe de la Comédie nageant dans son élément, les acteurs prennent plaisir à jouer et cela se ressent. Ils y trouveront aussi une mise en scène très dynamique et prenante, la transition entre les extraits est parfois du plus bel effet et les textes choisis en lecture sont d'un à-propos indéniable.

Pour parler un peu de ces textes, il faut noter qu'ils ne convergent pas forcément : l'un nous parlera d'un Molière subversif et réformateur, aucun ne nous parlera du Molière dévoué serviteur du Roi, mais un autre nous parlera de ce qu'a réellement fait Molière à mon avis : du théatre. Notre fierté nationale à l'endroit de Molière lui a fait porter de nombreuses casquettes, souvent fortement empreintes des opinions du biographe. De l'agitateur subversif (certains voudraient en faire un Voltaire!) au courtisan royal en passant par le réformateur des arts, Molière est devenu un étendard. Certains ont cependant la sagesse, et c'est ce que j'ai pu entendre dans un des textes lus ce soir là, de rendre à César ce qui lui appartient : Molière a fait du théatre, pas de la politique. Il a voulu édifier, faire rire, faire rêver. Quoi de plus normal pour un artiste et un comédien? Là est la recherche du comédien, pas celle du politicien.

Lors du spectacle, entre les extraits de Molière, les artifices du théatre nous sont présentés, sous forme poétique là encore. C'est ainsi un véritable défilé des accessoires, costumes et postiches qui vient entrecouper la représentation. Pour un amoureux de ce genre d'attributs comme je le suis (en spectacle uniquement bien sûr), c'est tout à fait plaisant et cela stimule l'imagination quant aux différentes pièces dans lesquelles ces accessoires ont été utilisés (et autant de pièces auxquelles on aurait voulu assister!). A noter au passage la qualité des décors, dessinés dans les années 50 pour le Bourgeois Gentilhomme, et des costumes pour ce spectacle.

Enfin, je ne peux m'empêcher de souligner un des textes lu vers la fin du spectacle, au risque de gâcher l'effet de surprise pour ceux qui n'auraient pas vu la pièce (car effet de surprise il y a). Il s'agit de la lecture du journal d'une prisonnière d'Auschwitz qui témoigne du montage d'une troupe et de la pièce jouée par celle-ci (le Malade imaginaire) dans les camps de la mort, au détriment du manque de ressources, aussi bien humaines que matérielles.
C'est un moment fort du spectacle qui, en dépit de sa simplicité, a ému toute l'assistance. Le silence religieux qui entourait cette lecture était éloquent, on se rend compte que le plus bel hommage que Molière ait reçu est sûrement celui de ces femmes.

Cet Hommage à Molière, et au théatre, interprété par la troupe de la Comédie Française est donc des plus réussis et salue avec brio tant le génie immortel de Molière que la richesse de l'art qu'il a servi.

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